Il y a de cela fort longtemps,
Dans un royaume bordé de champs,
Où le gibier courait abondamment,
Et où le seigneur recevait souvent,
Allait se donner une fête des plus grandioses !
Cela allait être quelque chose.
Le maître des lieux allait se marier
Avec la plus belle des fiancées.
Bientôt au château allait arriver
La belle Hélène, sa bien-aimée.
Et pour lui faire honneur et plaisir,
On voulait exaucer ses plus chers désirs.
Elle venait d’un pays lointain,
Où elle aimait se lever tôt chaque matin
Pour monter son étalon appelé « Coquin »
Et partait gambader avec ses copains.
Mais à tout cela, il fallait renoncer
Pour aller, au loin, se marier.
C’est pourquoi le prince, son fiancé,
Voulait ses habitudes lui faire oublier
Et son chagrin balayer,
En la couvrant de baisers
Et en donnant une grande fête
Pour que la vie lui semble plus chouette.
Pour lui faire bon accueil,
Et pour éviter qu’elle ne tremble comme une feuille,
Le prince avait invité bon nombre de ses amis
À venir se réjouir avec lui
De ce mariage attendu par eux
Et qui ne manquerait pas d’être heureux !
À tous ces gens, il faudrait donner à manger.
Les plus gourmands seraient gavés,
Il fallait, les grands, rassasier !
Les estomacs fragiles, ne pas écoeurer !
Aux gros buveurs donner à boire
Et trouver un endroit, où tous, les faire asseoir !
Pour régler ces problèmes, le prince ne s’en faisait point !
Gavotte et Germain s’en occuperaient bien !
Ces gens étaient fantastiques,
Ils savaient organiser des soirées magiques
Et faire que tout se passe de façon magnifique,
Sans que rien ne tourne au tragique !
Gavotte était à son service depuis la nuit des temps.
Elle et Germain étaient mariés depuis déjà fort longtemps.
Tous deux étaient de braves gens
Qui avaient élevé le prince comme leur enfant.
Gavotte était la meilleure cuisinière du royaume
Et Germain s’occupait des jardins.
Mais cette grande fête, c’était quelque chose,
Il fallait organiser les choses !
Le prince allait à la chasse tous les jours,
Gavotte ne voulait pas de lui aux alentours.
De sa cuisine montaient des odeurs
Qui mettait le prince en pleurs !
Il n’avait pas le droit
D’approcher à moins de dix pas !
Gavotte s’affairait de tous côtés.
Elle concoctait des petits plats couverts de gelée,
Des pâtés en croûte à tomber !
Elle accommodait les desserts de chocolat,
Et faisait tout cela sans tracas.
Il y aurait des rôtis de sanglier,
Accompagnés de marrons et de pommes du verger.
On mangerait des poulets cuits à la broche,
Avec des poires en brioches,
Sans compter de belles asperges
Et des écrevisses ramassées sur les berges.
Il y aurait encore des artichauts bien cuits,
Des pigeonneaux farcis,
De délicieuses pâtes de fruits,
Et beaucoup d’autres merveilles assorties…
Du pâté de perdrix et de faisan
Chassés par le prince, il y a peu de temps.
Du homard cuisiné façon Gavotte,
Des haricots verts du jardin présentés en botte,
Des cailles aux raisins,
Et encore bien d’autres plats très fins !
Le tout, assaisonné, relevé d’épices rares,
Et présenté dans la riche vaisselle sortie du placard.
Le jour-dit, tout fut fin prêt !
La salle de banquet était parée,
De mille fleurs blanches aux odeurs délicates,
Germain avait couvert la table d’une nappe écarlate,
Gavotte apportait les différents plats,
Qu’elle disposait avec apparat.
Et lorsque le buffet fut prêt,
Les vieux domestiques allèrent se changer,
Pour accueillir leur jeune maîtresse fraîchement mariée,
Que le prince couvrait de légers baisers.
Cela embaumait dans la salle à manger !
Que les convives allaient se régaler !
Ce serait la fête des sens !
La mariée était jolie à regarder.
Les odeurs étaient à se damner !
La musique serait jouée jusqu’au coucher,
Les papilles seraient sans cesse sollicitées,
Et l’on s’empoignerait toute la nuit pour aller danser ;
Oui…Cette journée serait réussie,
À l’image de la vie des jeunes mariés ravis !