Histoires écrites

Fenêtre à Tahiti

Savez-vous qu’un nuage vit de grandes aventures quand le vent le pousse ! Le vent pousse, pousse… mais pas toujours dans la bonne direction. Parfois, j’aimerais aller au Nord voir les ours polaires et les aurores boréales vertes et violettes. Parfois, je m’accroche à d’autres nuages pour former un énorme cumulus. Parfois je m’effiloche en petits lambeaux de brume. D’autres fois, je me transforme en gouttelettes que je laisse tomber au cours de mon voyage. Le ciel pleure quand la terre a soif.

Tu appelles ça la pluie ? Ah…. Comme tu veux !

Mais une fois, j’ai été poussé vers le Sud. J’allais très vite au-dessus de la couche de nuages, j’étais poussé, tellement loin que je ne reconnaissais plus le paysage. J’ai traversé une immensité bleue. C’était tellement beau !

Pardon ? Tu appelles ça la mer ? Ah… Comme tu veux !

Alors, j’ai décidé de stationner au-dessus de ce bleu, cette mer comme tu l’appelles. Avec des copains, on a formé un immense nuage et on est resté là. On est resté si longtemps… que le soleil a fini par s’en est allé. Il est parti de l’autre côté pour chauffer la vie des hommes qui habitent au bout de la terre. Alors, je suis devenu rouge, tout rouge ! Rouge comme une tomate !

Tu es encore là ? Qu’est-ce que tu dis ? Quand le soleil s’en va, on appelle ça un coucher de soleil ? Ah bon ? Mais… le soleil ne dort pas. Il s’en va, c’est tout !

Tu ne vois pas les choses comme je les vois, on dirait ! Bon… Comme tu veux !

Tu veux savoir ce que j’ai vu d’autre ?

Eh bien… de là où j’étais, le soleil envoyait ses derniers rayons sur un bateau blanc. Un drôle de bateau blanc avec des mâts, des haubans, des cordages, des voilures tellement hautes, que je pouvais les toucher. Cela chatouillait même. C’était un très beau bateau à voile. Vraiment très très beau !

Tu crois qu’on appelle ce bateau une goélette ? C’est un joli nom. On dirait un nom d’oiseau. Ce bateau doit aller tellement vite sur la mer qu’on doit imaginer voir un oiseau…

Et puis j’ai vu des arbres ! De beaux grands arbres ! J’aime beaucoup leurs boucles vertes, leurs branches et leurs fleurs qui essayent de monter vers le ciel ! Les arbres croient pouvoir m’attraper ! Mais je vais trop vite ! Je file, plus loin, poussé par le vent !

Je pense que toi aussi, tu pourrais voir tout ça.

Ferme les yeux.

Imagine que tu es avec moi de l’autre côté de la terre, et que tu regardes par la fenêtre… Heureusement qu’il y a un balcon pour t’empêcher de tomber. Pousse le rideau sur le côté pour bien voir. Tu y es ? Alors ferme les yeux et imagine.

Imagine la mer…, le bateau blanc…, les arbres verts sur le bord du quai … et moi tout en haut ! Je suis le gros nuage rouge comme une tomate. Tu me vois ?

Merci petit d’homme : j’ai découvert pleins de jolis mots. La pluie, la mer, le coucher de soleil, la goélette… ce sont des mots à faire rêver.

Tu dis ? J’ai une vie de rêve ? Non… J’ai une vie de nuage, c’est tout. C’est toi qui m’as fait rêver avec tes jolis mots.

Il est l’heure, petit d’homme… Il est l’heure d’aller dormir ! Chut…. Dors petit d’homme. Fais de beaux rêves. Au revoir… le vent me pousse déjà vers un nouveau paysage… Au revoir !

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