Un jour au Congo,
Dans ce pays fort beau,
Où il fait toujours très chaud,
Au centre de l’Afrique,
Dans une région magique,
Vivait un jeune garçon
Qui rêvait d’être blond
Mais Bakame était noir,
Noir, comme la nuit, le soir.
Noir comme du charbon
Et non tout blond !
Il se lavait pourtant
En dehors comme en dedans,
Mais il était toujours noir,
Noir, comme la nuit, le soir.
Au village, on se moquait souvent de lui
Parce que Bakame était petit,
Et aussi parce qu’il était très noir,
Noir, comme la nuit, le soir.
Son père avait promis
De lui faire un cadeau très joli
Lorsqu’il serait devenu grand,
C’est à dire dans peu de temps.
Après le rite d’initiation
Que subissent tous les garçons,
Bakame reçut de son père,
Un cadeau dont il était fier !
Il reçut un boeuf appelé Sambo,
Qui était très beau.
Il avait deux belles cornes
Aux très jolies formes.
Sambo était aussi grand
Et blanc,
Que Bakame était petit et noir,
Noir, comme la nuit, le soir.
Un jour, Bakame quitta la tribu
Parce qu’il n’en pouvait plus !
C’en serait fini de toutes ces moqueries
Parce qu’il était trop petit,
Parce qu’il était très noir,
Noir comme la nuit, le soir.
Bakame partit avec Sambo
Sur les chemins du Congo.
Ils parcoururent pas mal de terrain
Mais eurent bientôt très faim.
Bakame n’avait emporté que son boeuf
Et n’avait même pas un oeuf.
Bakame se mit à pleurer.
Sambo pour le réconforter
Expliqua tout bas son secret :
« Bakame, je t’appartiens
Je suis tout ton bien.
Mais mes cornes sont magiques,
Tu verras, c’est magnifique !
Bakame, écoute-moi bien !
Fais un souhait, je l’exaucerai ;
J’apaiserai ta soif et ta faim,
Te vêtirai, te logerai.
Frappe ma corne droite, trois fois,
Ce que tu souhaites apparaîtra,
Frappe ma corne gauche, deux fois,
Aussitôt tout disparaîtra. »
Bakame n’en revint pas !
Tout cela le laissa baba.
Chaque fois qu’un désir lui prenait,
Bakame se mettait à frotter.
Tantôt à gauche, tantôt à droite,
Les cornes de Sambo étaient très adroites.
Le temps passa loin des terres de son père.
Bientôt Bakame fut très fier,
De la fiancée qu’il s’était choisie.
Il voulut la ramener dans son pays,
Sur les terres de son père
D’où il était parti peu fier,
Parce qu’on se moquait souvent de lui,
Parce qu’il était petit,
Et aussi qu’il était très noir,
Noir comme la nuit, le soir.
Mais Bakame avait grandi,
Il était devenu un très bon parti
Que toutes les filles du village
Voulaient avoir en mariage.
Mais il était trop tard !
Bakame s’était enfui comme un vaurien
Dans un pays au loin
Où on l’avait accepté comme il était,
Et c’est là-bas qu’il s’était marié.
Aujourd’hui, il revenait sur les terres de son père,
La tête haute et l’air très fier,
Accompagné de sa femme.
Son père l’accueillit avec des larmes.
On fit une grande fête à Bakame
Qu’on était content d’acclamer.
On avait oublié tous les tracas,
Les bla-bla-bla,
Les mesquineries,
Et les moqueries,
Tout ce que l’on disait de lui,
Qu’il était petit,
Et qu’il était très noir,
Noir comme la nuit, le soir.