Dessin bazar
Histoires écrites

Fichu bazar !

Charlie n’était pas bien grand. Il était même tout petit.

Il arrivait à peine à attraper des choses, de sa main potelée, sur le bord de la table. Il les volait plus qu’il ne les attrapait d’ailleurs. Et lorsqu’il ramassait un jouet tombé par terre, Charlie le jetait par-dessus la table, plus qu’il ne le posait. Gare s’il y avait déjà des choses posées dessus !

Charlie faisait comme il pouvait, avec toute la maladresse de ses même pas deux ans !

Charlie vivait dans une jolie maison de géants. Si la table était plus haute que lui, le placard à biscuits l’était bien plus encore. Inaccessible ! Placé tellement haut que seuls papa et maman pouvaient se servir dans la boîte de bonbons. Charlie trouvait papa très gourmand. Ce n’était pas juste !

Papa pouvait mettre dans sa bouche quatre bonbons à la fois : deux crocodiles, deux fraises tagada ou 4 nounours acidulés. Quand Charlie n’avait le droit qu’à une fraise que maman coupait en quatre et qu’il devait sucer doucement sans aller trop vite.

Pendant ce temps là… papa engloutissait la moitié du paquet ! Ce n’était vraiment pas juste !

Quand il serait grand, Charlie mangerait un paquet entier. Maman serait vieille et fripée comme une pomme, beaucoup trop vieille pour décider à sa place. Maman était une très jolie maman mais elle était déjà vieille ! Très très vieille !

Charlie avait un chat. Enfin, papa et maman avaient un chat bien avant l’arrivée de Charlie. Mais le chat le suivait partout si bien que papa et maman ne comptaient plus tellement pour le chat. Charlie savait l’attraper par la queue. Lui tirer la queue. L’attraper par la peau du cou. Lui tirer la queue, encore. Papa et maman l’appelaient Moustache mais Charlie disait « Moutache ». Pas facile de prononcer toutes les lettres d’un mot aussi long !

Il faisait beau dehors. Moustache avait filé au jardin sans attendre Charlie… Pas besoin de demander pourquoi ! Du point de vue du chat… Charlie était un paquet encombrant : il pleurait quand il n’arrivait pas à attraper quelque chose.

Il criait quand papa mettait des bonbons à la bouche. Il l’attrapait, lui le chat, le roi de la maison, par la queue ou la peau du cou. Encore par la queue. Il le caressait en écrasant son dos, attrapait ses moustaches… et tirait dessus. Tirait encore sa queue pour le porter dans sa chambre. Le tirait par la queue pour jouer. Le tirait par la queue quand il voulait faire un câlin !

Comme il aurait été facile de sortir les griffes ! Cela viendrait un jour… Charlie était de plus en plus casse-pied. Maintenant, il courait après lui au jardin. Le chat n’eut que le temps de sauter en haut du mur et de regarder cette chose à deux petites pattes courir dans une autre direction et crier : « Maman ! pati Moutache ! »

Ce jour-là, il faisait tellement beau que maman avait fait un bouquet de fleurs. Elle avait cueilli des dahlias : une grosse fleur orange, une fleur avec des piquants rouges et du feuillage vert foncé, vert clair et presque jaune. Elle avait posé ce joli bouquet sur la table du salon de jardin. Charlie était monté tant bien que mal sur une chaise. Et une fois cette chaise escaladée… maman avait apporté des jeux de papa quand il était petit : des dominos, des jetons, des billes et des cartes de loto.

Maman avait posé un domino, puis un autre, Charlie en avait posé une poignée, en avait jeté un (pas beau) par terre.

Et maman avait ramassé.

Maman avait montré un jeton.

Charlie avait voulu mettre les billes à la bouche… pour une fois qu’il y avait un truc rigolo à faire ! Mais maman s’était précipitée pour tout reprendre et avait rangé les billes dans la boîte. « Confisquées ! Tu es encore trop petit pour ça !!! »

De toute façon, chaque fois qu’il y avait un truc rigolo à faire… c’était interdit !

Charlie avait alors crié, pleuré. Moustache était monté dans le cerisier. Charlie avait alors éparpillé les dominos de rage ! Zou…  Jetés par terre ! « Pas beaux, pas beaux, pas beaux ! »

Moustache avait commencé à descendre de l’arbre pour s’éloigner de Charlie en colère. Charlie avait alors tiré la queue du chat et s’était arrêté de pleurer d’un coup !

Moustache avait alors sorti les griffes. Charlie avait tapé Moustache, qui avait aussitôt sauté de peur sur la table, glissé sur les dominos et … renversé le vase !

Moustache avait déguerpi en vitesse.

Maman avait crié à son tour !

Charlie ! Charlie !

Elle avait ramassé le vase et les fleurs mais l’eau avait coulé sur les dominos et le reste.

« Mais quel bazar !!! Oh… Tu n’es vraiment pas sage aujourd’hui. Allez hop !!! Au lit ! Une bonne sieste et après ça ira mieux. » « Et moi, ça me fera des vacances ! »

Charlie avait hurlé encore plus ! Ce n’était vraiment pas juste d’être puni à la place du chat ! « Moutache méchant ! Méchant ! Méchant chat ! »

« Mais oui » répondit maman ! Et Charlie, il est toujours gentil ? »

Et maman s’était débarrassée du paquet encombrant. Zou… au lit ! Un bisou. Un doudou.

Et Charlie, épuisé, s’était endormi.

Le chat allait pouvoir se reposer une heure ou deux, lui aussi ! Pauvre chat !

Et pauvre maman aussi !

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